EXPOSITION EN COURS

Du 4 mai au 27 juillet 2024, la galerie est heureuse de présenter la deuxième exposition personnelle de Jérémy Liron. Cette exposition intitulée «Mu» présentera un corpus d’œuvres récentes 2023 -2024.

« La tombe d’Ozu ne porte pas de nom. Seulement un signe chinois ancien – mu – qui signifie le vide : rien. »

Sur ces paroles, Wim Wenders quitte le petit cimetière de Kita-Kamakura où Ryu Chishu, acteur fétiche d’Ozu, est venu se recueillir.

Le vide, rien, la négation, l’absence, les formes de l’impermanence… le terme est à peu près intraduisible en français. Pour tant on reconnait là les caractéristiques du cinéma d’Ozu aux plans rigoureusement emboités et au développé presque somnambulique. 

Dans quelques tableaux j’ai cherché à m’approcher de l’architecture des maisons japonaises traditionnelles ou des temples dont les ouvertures donnent sur des jardins. J’y ai cultivé ce suspend, cette absence d’intrigue qui font tomber dans la conscience une dimension presque métaphysique de l’espace. La contemplation ou la méditation y prennent des tournures presque hallucinées.

« Les films d’intrigues trop élaborés m’ennuient. Naturellement, un film doit avoir une structure propre, autrement ce ne serait pas un film, mais je crois pourqu’il soit bon, il faut renoncer à l’excès de drame et à l’excès d’action. »confiait Ozu. 

Wenders dans l’avion qui le mène à Tokyo sur les traces du cinéaste : « ça me faisait du bien de regarde par la fenêtre. Si seulement on pouvait filmer comme ça. Comme on ouvre les yeux quelques fois : seulement regarder, sans vouloir rien prouver. »

 

Jérémy Liron Avril 2024.

Dominique Gauthier

du
08
Jul
2023
au
30
Sep
2023
Maintenir, maintenant, et futurs des permanences. (une sélection de peintures 1997-2022)

Le geste de Dominique Gauthier interroge le flux du temps, le tourbillon où se forment et se défont les formes mêmes. Orphique III (fig.2) investit tout à la fois un principe régulateur et sa dérégulation. Il vise le point de centre comme origine, expose la grille comme étendue, et le trait finit par parcourir son propre dessin erratique. On contemple l’image en son vortex d’où surgit la ligne pour seule peinture, comme si le peintre donnait source à son geste depuis l’écoulement du temps. Comme s’il désirait l’unique trait d’un cercle ouvert au temps, ligne tournant autour d’un point d’origine, tel un sillon. (…)

La vérité de la peinture qui porte traits et figure à la fois, renvoie chez DominiqueGauthier à cet invisible gravé en nous, où l’informe se forme dans une image disparue. (…)

OrphiqueIII : ce qui apparaît comme événement est un temps de déposition depuis une origine invisible. Orphique porte nom de la traversée et du retour. Orphique au sens où l’invisible d’un outre-monde revient dans le visible, à la manière d’Orphée. « L’expérience orphique, affirmeDominique Gauthier : faire passer de l’invisible au visible. […] Chaque tableau serait l’événement qui définit cette vision. J’ai cherché à poser cet événement comme devant me déposséder de toute autorité sur lui, en délivrant des possibilités qui me tenaient à distance ou en retrait »[1].Entre l’agir et le non-agir, le désir paradoxal d’une image acheiropoïète pointe sous le geste du peintre intercesseur.

Le trait se défait en sa matière-peinture, d’une projection piégée dans l’œil du tourbillon. Saisir l’écoulement du temps, être dessaisi de toute fixité, de toute mesure, dérouler le fil jusqu’à faire tache, laisser aller le rythme.Peindre l’événement, c’est donc se laisser porter par le surgissement d’un accident, moment d’extravagance erratique dans la circularité du trait travaillant la toile au carré.

Il y a un certain état de mouvance, du tourbillonnaire, de l’instabilité, note Dominique Gauthier, à l’intérieur duquel se jouent les relations entre perfection/imperfection ». (…)

De la turbulence, au sens du tumulte, proche du tohu-bohu, il s’agirait de donner à voir ce mouvement d’accords contraires, tournant dans un sens et dans l’autre, comme l’immuable ayant partie avec le muable. Ce qui fait retour en se déportant. Le flux se maintient dans l’œil du tourbillon, tout en créant son propre rythme. (…)

Dominique Gauthier parle de son « outil tourbillonnaire » à bon escient, rien de plus calculé et L’Hostinato peut devenir figure de style.

Extrait du texte « traits, matière-peintures » de Frédérique Villemur.

Catalogue collection musée Fabre 2022


 

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