EXPOSITION EN COURS

Maintenir, maintenant, et futurs des permanences. (une sélection de peintures 1997-2022)

Le geste de Dominique Gauthier interroge le flux du temps, le tourbillon où se forment et se défont les formes mêmes. Orphique III (fig.2) investit tout à la fois un principe régulateur et sa dérégulation. Il vise le point de centre comme origine, expose la grille comme étendue, et le trait finit par parcourir son propre dessin erratique. On contemple l’image en son vortex d’où surgit la ligne pour seule peinture, comme si le peintre donnait source à son geste depuis l’écoulement du temps. Comme s’il désirait l’unique trait d’un cercle ouvert au temps, ligne tournant autour d’un point d’origine, tel un sillon. (…)

La vérité de la peinture qui porte traits et figure à la fois, renvoie chez DominiqueGauthier à cet invisible gravé en nous, où l’informe se forme dans une image disparue. (…)

OrphiqueIII : ce qui apparaît comme événement est un temps de déposition depuis une origine invisible. Orphique porte nom de la traversée et du retour. Orphique au sens où l’invisible d’un outre-monde revient dans le visible, à la manière d’Orphée. « L’expérience orphique, affirmeDominique Gauthier : faire passer de l’invisible au visible. […] Chaque tableau serait l’événement qui définit cette vision. J’ai cherché à poser cet événement comme devant me déposséder de toute autorité sur lui, en délivrant des possibilités qui me tenaient à distance ou en retrait »[1].Entre l’agir et le non-agir, le désir paradoxal d’une image acheiropoïète pointe sous le geste du peintre intercesseur.

Le trait se défait en sa matière-peinture, d’une projection piégée dans l’œil du tourbillon. Saisir l’écoulement du temps, être dessaisi de toute fixité, de toute mesure, dérouler le fil jusqu’à faire tache, laisser aller le rythme.Peindre l’événement, c’est donc se laisser porter par le surgissement d’un accident, moment d’extravagance erratique dans la circularité du trait travaillant la toile au carré.

Il y a un certain état de mouvance, du tourbillonnaire, de l’instabilité, note Dominique Gauthier, à l’intérieur duquel se jouent les relations entre perfection/imperfection ». (…)

De la turbulence, au sens du tumulte, proche du tohu-bohu, il s’agirait de donner à voir ce mouvement d’accords contraires, tournant dans un sens et dans l’autre, comme l’immuable ayant partie avec le muable. Ce qui fait retour en se déportant. Le flux se maintient dans l’œil du tourbillon, tout en créant son propre rythme. (…)

Dominique Gauthier parle de son « outil tourbillonnaire » à bon escient, rien de plus calculé et L’Hostinato peut devenir figure de style.

Extrait du texte « traits, matière-peintures » de Frédérique Villemur.

Catalogue collection musée Fabre 2022


 

"In the Shade" Jérémy LIRON

du
07
Aug
2021
au
16
Oct
2021
On ne sait jamais des images qui semblent se dresser dans la vue, des moments qui nous retiennent, s’ils nous sont suggérés par une configuration du réel ou par ce que l’on y projette.

A vrai dire, un tableau sous cet aspect est le mariage d’une prise de note ou d’une saisie du regard et d’une rêverie ou d’un fantasme. S’y rencontrent des ressemblances, des souvenirs autant que des partis-pris, des arrangements, des jeux entre le monde des choses et le monde des signes, entre la profondeur et la surface, l’illusion et le concret. S’il s’agit d’un muret, de la lumière qui tombe dessus, de l’ombre qu’il projette, bientôt tout se joue dans le contact de deux teintes, dans un dialogue de gestes, la trame abstraite d’une composition.
Tout ne s’y laisse pas dire ou décrire.
On pourrait dire simplement qu’il s’agit de paysages, que l’on y croise la chorégraphie d’arbres et la géométrie d’architectures, mais, empruntant les mots de Bataille, j’oserais écrire que « l’essentiel me parait plus tortueux, et plus vague, l’essentiel a peut-être le sens d’une inextricable totalité. »

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